2025 – 2028 : quelles priorités pour la coordination à domicile ? 

par | Jan 11, 2024

Lors du salon des Services à la personne qui s’est tenu les 29 et 30 novembre 2023, nous avons organisé une conférence sur ce sujet. Pour en discuter, nous avions convié Marie-Anne Montchamp, Directrice générale de l’OCIRP, Antoine de Soubeyran, chef de projets chez Stratélys, Frank Nataf, Président de la FEDESAP et Yoann Le Tiec, Directeur des solutions Domicile chez Arche MC2. Cet article reprend les grandes idées abordées lors de cette conférence animée par Arnaud Duglué. 

Entre 2020 et 2030, le nombre des Français, âgés de 75 à 84 ans, augmentera de 50% en passant de 4,1 millions à 6,1 millions. Dans les dix prochaines années, c’est la population des plus de 85 ans qui connaîtra une véritable explosion, avec un taux de croissance supérieur à 50 %. Autant de signes qui indiquent que des bouleversements auront lieu dans les secteurs de la santé et du médico-social. Cela signifie plus de résidents en EHPAD, mais aussi plus de personnes souhaitant vieillir à leur domicile. 

Le secteur du maintien à domicile anticipe depuis plusieurs années cette croissance en se restructurant et en imaginant et des dispositifs pour une meilleure coordination à domicile. 

Des réformes pour répondre aux enjeux de la coordination à domicile 

Pour répondre aux enjeux de la coordination entre les acteurs du domicile, l’Etat souhaite faire évoluer les pratiques des services d’aide et de soins à domicile, mais aussi les départements, à travers une coordination territoriale. A ce titre, plusieurs dispositifs ont été mis en place : 

La création des services autonomie 

Les services autonomie, dont les missions ont été définies par le décret du 13 juillet 2023, ont pour objectif de rapprocher les services d’aide et de soins à domicile existants d’ici au 30 juin 2025. Cette organisation doit rendre l’offre de services à domicile plus lisible et plus cohérente pour les usagers et leurs aidants. 

La dotation de coordination  

Cette dotation permet d’apporter des financements pour les prises en charge d’aide et de soins à domicile, afin de faciliter la coordination entre ces deux activités. Cette dotation permet de financer des temps d’échange entre les professionnels pour assurer un meilleur suivi de coordination. Elle permet aussi, pour ceux qui le souhaitent, de créer un nouveau métier au sein du service : le coordinateur de parcours.  

La création de 25 000 places dans les services de soins infirmiers à domicile 

Prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, la création de 25 000 places de SSIAD à l’horizon 2030 vise à renforcer l’offre à domicile en améliorant le maillage territorial. Il existe aujourd’hui 2200 SSIAD ou SPASAD sur le territoire pour environ 135 600 places. 

La création de Centres de Ressources Territoriaux 

Imaginés pour renforcer les services à domicile auprès des personnes dépendantes, plusieurs appels à projets ont été lancés par les ARS, pour une mise en application à partir de janvier 2023. Si ces dispositifs ont tendance à s’adresser aux EHPAD, les services d’aide à domicile peuvent aussi répondre aux appels à projets. 

La création d’un service public départemental de l’autonomie (SPTA) 

Il s’agit de déployer un guichet unique pour orienter tous les usagers (personnes âgées ou en situation de handicap, aidants…) quelle que soit leur demande (inclusion, accompagnement social, adaptation du logement) afin de leur apporter une réponse simple et directe. Une phase de préfiguration se tiendra sur 2024 avant d’étendre le SPDA à tout le territoire. 

Ce mille-feuille de dispositifs, bien que tous utiles et sans aucun doute nécessaires, n’aide pourtant pas à améliorer la lisibilité de l’offre à domicile, ni pour les opérateurs, ni pour les personnes accompagnées et leurs aidants. 

Une coordination sur mesure est nécessaire 

La coordination doit être personnalisée en fonction des besoins et des attentes de la personne accompagnée. En fonction également de son lieu d’habitation et de tout ce qui l’entoure.  

Plusieurs niveaux de coordination 

La coordination se fait à plusieurs niveaux sur le territoire et nécessite une organisation en fonction : 

  • Entre les acteurs qui se partagent des compétences pour intervenir le mieux possible auprès de personnes accompagnées 
  • Autour de la personne aidée, en incluant son aidant à part entière dans la coordination
  • A l’intérieur de chaque structure, que ce soit par du temps de coordination ou par la mise en place d’équipes autonomes 

Des données sécurisées pour la coordination 

Le Ségur du numérique en santé apporte, via les outils informatiques, la sécurisation de l’identité des usagers en obligeant tous les professionnels médico-sociaux à saisir l’Identité nationale de Santé (INS). L’intérêt : éviter toute erreur liée à des doublons, des homonymes. In fine, l’INS a pour but de pouvoir partager des informations fiables avec l’ensemble des acteurs de l’aide et du soin, pour apporter une réponse sur mesure grâce à tous les acteurs médico-sociaux. 

Une question avant tout politique 

Avec la question du vieillissement de la population et de sa croissance dans les prochaines années, le système tel qu’il existe pour soutenir les personnes âgées et en situation de handicap, atteindra ses limites et ne correspondra plus à l’attente sociale. La coordination autour de la perte d’autonomie doit s’inscrire davantage dans une vision politique. L’enjeu va bien au-delà du vieillissement, puisqu’il doit irriguer l’ensemble des questions relatives à la santé publique. 

Des travaux pour faciliter la coordination à domicile de demain 

Pour anticiper la coordination de demain, les territoires s’organisent. Départements, ARS, CCAS, services d’aide, HAD, DAC se réunissent lors de Marathons de l’innovation. L’objectif : partir des grands besoins des personnes accompagnées et de leurs aidants pour bâtir l’offre de services de demain. En mettant tous les acteurs du Domicile autour de la table, de nombreuses idées centrées sur l’utilisateur émergent.  Côté informatique, les éditeurs contribuent aussi à faciliter la coordination de demain. Ils développent les outils nécessaires pour échanger les données usagers de manière sécurisée, mais aussi de manière structurée.  

Chez Arche MC2, nous allons plus loin que le respect de cahier des charges imposé par les instances publiques. Nous travaillons aussi aux côtés de nos clients et en lien avec les pouvoirs publics, pour faire avancer le secteur avec notre vision terrain. 

La prévention, un axe majeur pour la coordination à domicile de demain. 

Les services autonomie aide et soins tels qu’ils ont été conçus, comportent un volet de prévention.  

Un des enjeux de la coordination de demain dans les services autonomie aide et soins, sera aussi de faire monter en compétences les aides à domicile et les responsables de secteur. Ils devront être en mesure de qualifier les attentes des personnes, mais aussi de les informer sur l’offre existante du territoire pour répondre aux besoins exprimés. 

Ce sont là les défis de l’aide à domicile… En raison de sa proximité quotidienne avec la personne accompagnée et son aidant, celle-ci sera appelée à jouer un rôle important dans le repérage des risques de perte d’autonomie. Et les outils numériques pourront l’aider dans cette tâche. 

Pour écouter l’intégralité de notre conférence : 

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